Grande habituée des charts Japon depuis bientôt trois ans, la série Inazuma Eleven arrive enfin sur nos DS européennes. Et pour ne rien gâcher, le premier volet nous est proposé dans une version optimisée et entièrement localisée. Il ne reste donc plus aucune excuse pour ne pas se plonger dans ce mélange de football et de jeu de rôle qui plaira à n'en point douter aux fans de Captain Tsubasa.
A l'instar d'un certain Olivier Atton, Mark Evans est un jeune garçon passionné de football dont le ballon est le meilleur ami. Courageux et volontaire, il a pour objectif de se hisser au plus haut niveau et de participer au Football Frontier qui rassemble les meilleurs joueurs nationaux. Mais avec l'équipe de jambes cassées du collège Raimon où il étudie, c'est pas gagné ! L'effectif est d'ailleurs en chute libre : les six autres joueurs encore inscrits, totalement démotivés, attendent avec résignation la dissolution du club. Mark réussit pourtant à enrôler quelques nouvelles recrues et à convaincre ses équipiers d'affronter la terrible Royal Academy qui leur barre l'accès au Tournoi national. Hélas, le courage et la persévérance ne suffisent pas toujours, puisque l'équipe de Raimon encaisse un cuisant 20-0 à quelques minutes de la fin. L'un des joueurs, lassé de se faire humilier de la sorte, décide même de quitter le terrain. C'est au moment où tout semble perdu qu'un certain Axel Blaze entre en scène : ancien joueur de haut niveau connu pour l'efficacité de sa frappe, la Tornade de feu, il décide de venir en aide à l'équipe de Raimon. Le vent va-t-il enfin tourner ?Les fans de Captain Tsubasa (plus connu du grand public sous le nom d'Olive et Tom) constateront très vite qu'Inazuma Eleven entretient de nombreuses similitudes avec leur série fétiche. On y retrouve ces mêmes garçons qui ne vivent que pour le football et qui rivalisent d'exploits héroïques dans des rencontres au sommet, où ils se livrent des duels terribles et défient les lois de la physique. Le titre de Level 5 est d'ailleurs au centre d'une vaste franchise regroupant également manga, série animée et produits dérivés. Ces ambitions se mesurent dans le degré de finition du jeu, qui s'ouvre sur un générique entièrement doublé en français et multiplie les incursions de séquences animées d'une qualité similaire à celles des Professeur Layton. Caractérisées par une théâtralisation délicieusement excessive (le débarquement de la Royal Academy est un grand moment), ces cut-scenes sont le point d'orgue d'une composante scénaristique très prononcée, qui tout en étant ce qu'elle est (à savoir volontairement naïve et caricaturale), joue avec brio de ses ressorts dramatiques et multiplie les rebondissements. Le jeu se révèle même un peu verbeux par moments, il faudra s'y faire. Il faut dire qu'en comparaison de Captain Tsubasa : New Kick Off sorti récemment sur le même support, Inazuma Eleven est doté d'une composante RPG bien plus prononcée.
On y retrouve en effet l'architecture et les caractéristiques de la plupart des jeux de rôle japonais : on dirige un petit groupe de quatre personnages, on explore plusieurs lieux (en l'occurrence, les différents secteurs d'un collège et d'une ville), on interagit avec de nombreux PNJ plutôt loquaces, on est soumis à des rencontres aléatoires (sous forme de défis lancés par les autres clubs du collège), on gagne de l'expérience, on progresse en niveau, on acquiert de nouvelles capacités (forcément footesques) et on s'équipe, avant d'affronter une grosse équipe qui fait figure de boss de fin de chapitre. Le gameplay présente notamment de fortes similitudes avec la série Pokémon. Il y a ainsi plus de 1000 joueurs à recruter (parmi les autres clubs du collège ou les équipes déjà affrontées), disposant chacun d'un nom et d'un look spécifique, ainsi que d'un poste donné et de caractéristiques propres recouvrant plusieurs domaines (frappe, vitesse, endurance, précision, etc.). Comme dans Pokémon, chaque personnage et chaque technique est affilié à un élément en vertu d'un système qui a fait ses preuves (la terre bat le feu qui bat le bois, etc.). Un joueur peut apprendre jusqu'à 6 techniques différentes, qui s'obtiennent par plusieurs biais : en montant de niveau, en lisant des manuscrits dédiés ou bien à l'occasion d'événements de matchs scénarisés.
Assez classique dans ses aspects de jeu de rôle, Inazuma Eleven se révèle plus original – voire quelque peu déroutant – quand on entre dans le vif du sujet. Les matchs bénéficient en effet d'une jouabilité entièrement tactile qui permet de déplacer un joueur, de passer le ballon ou de cadrer une frappe d'un simple coup de stylet. S'il est possible de réaliser certaines actions typiques comme une passe en profondeur ou un débordement suivi d'un centre et d'une reprise de volée, le skill y tient un rôle secondaire. Aussi bien placée soit-elle, une frappe ne fera jamais mouche si le gardien possède encore suffisamment de PT pour utiliser une capacité spéciale. Car dès qu'un joueur est arrêté ou menacé par un adversaire, un duel s'engage automatiquement, offrant le choix entre plusieurs options (esquiver, intercepter, tacler, etc.) dont l'issue est le résultat d'un savant calcul statistique. Mais ces confrontations donnent également la possibilité d'utiliser une technique adaptée à la situation. "Dribble rafale", "Tir comète", "Confusion", "Main Céleste"... Ces coups spéciaux variés et spectaculaires font tout l'attrait du jeu. Il faut toutefois garder à l'esprit que les matchs sont scénarisés (et parfois même elliptiques) et obligent à composer avec certaines contraintes pour espérer l'emporter. Mais c'est aussi ce qui fait leur charme, d'autant qu'ils sont l'occasion de rencontres improbables et bien barrées (cf. l'équipe d'Occult qui paralyse les joueurs adverses !).
D'aucuns regretteront pourtant qu'en dépit de la disponibilité de plusieurs formations et d'une pause active, le jeu ne soit pas plus tactique, et que les performances dépendent bien moins de notre habileté au stylet que du niveau des joueurs. On comprend vite qu'il suffit de booster leurs caractéristiques en se rendant au centre d'entraînement pour y réaliser des exercices spécifiques, ou encore de leveler en multipliant les défis, dont les objectifs (intercepter le ballon, marquer le 1er but) manquent cruellement de variété. Du coup, malgré une base de joueurs extrêmement fournie, le recrutement est d'un intérêt limité : on a tendance à focaliser rapidement ses efforts sur les mêmes joueurs, d'autant que les techniques spéciales peuvent être transmises d'un équipier à l'autre. Il reste que ces petits défauts ne sont pas spécifiques à Inazuma Eleven, mais partagés par de nombreux RPG japonais. On se chagrinera davantage de l'absence de jeu en ligne, qui contraint à se rabattre sur le local pour profiter d'un multi que nous n'avons pas eu l'occasion de tester. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas à faire la fine bouche, car Level 5 nous offre là un savoureux mélange de football et de jeu de rôle, sachant que cette version européenne bénéficie des améliorations des derniers opus sortis au Japon ainsi que d'une localisation très réussie. On attend la suite avec impatience !
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