Jusque là réservée aux joueurs Xbox 360 et PC, la saga Mass Effect vient finalement s'offrir aux adeptes de la PS3. Un RPG-action indispensable à tout amateur de science-fiction, même si sur PS3, il faudra malheureusement se débrouiller en faisant l'impasse sur le premier volet. Cette version étant identique à la version originale, ses particularités sont détaillées en fin de test. Sachez toutefois qu'un comics interactif permet aux joueurs de s'initier à l'univers Mass Effect.
Normalement, lorsqu'on cherche à démarrer le test d'un jeu comme Mass Effect, il est d'usage d'en planter le décor, de faire le pitch comme on dit. Or, deux problèmes se posent : d'une part, l'éditeur et le développeur tiennent expressément à ce que certains détails restent secrets, d'autre part, la simple bonne volonté empêche votre serviteur de vous parler ne serait-ce que des premières minutes du jeu. Et c'est bien dommage parce que si on ne devait conserver qu'une seule qualité à Mass Effect 2, ce serait son scénario, sa narration. Si on évite les spoilers, disons que ce second volet se déroule un certain temps après le premier, Sovereign est mort et enterré, mais la menace représentée par les Moissonneurs n'en n'est pas moins réelle, même si en dehors de Shepard, peu de personnes acceptent d'y croire. Sans rien dévoiler, sachez que chez Bioware, on considère que ce second volet est l'équivalent de l'Empire Contre-Attaque de la trilogie Star Wars. A savoir : un épisode plus sombre, plus violent, carrément pessimiste. La richesse et la cohérence de l'univers qui avaient fortement séduit dans le premier Mass Effect nous happent de nouveau dans cette traversée de la galaxie, mais clairement, à côté de sa suite, le premier opus ressemble à une croisière Disney.Cette noirceur, on la retrouve à tous les niveaux. Les lieux visités par exemple seront bien plus sombres, voire glauques, station pénitentiaire, colonies dévastées par les mystérieux Récolteurs, clubs louches, planète décharge ou pulvérisée etc. Mais ce sont essentiellement les dialogues qui témoignent de ce changement de ton. Si vous êtes en pleine lecture de ce test, c'est que vous connaissez déjà le système de dialogue simplement génial de Mass Effect. Ici, il gagne encore en sublime par une qualité d'écriture exceptionnelle, une mise en scène encore plus travaillée, des plans de caméra judicieux et un éclairage soigné. En gros, l'aspect cinématique interactive se montre de plus en plus immersif. Mais on note surtout un changement de ton, avec des dialogues plus crus, des choix parfois nettement plus corsés, aux implications quelquefois très lourdes. Ce qui n'empêche pas une certaine légèreté qui prêtera fréquemment à sourire, voire à se marrer.
En outre, Bioware a intégré une petite nouveauté dans ces séquences : l'interruption. Au cours de certains dialogues, une icône apparaît durant quelques secondes soit à gauche, soit à droite de l'écran, l'une correspondant à une action audacieuse, l'autre héroïque. Si on appuie sur la bonne touche au bon moment, Shepard change d'attitude. Un garde vous pose des problèmes pour vous laisser entrer dans une pièce, si vous trouvez que la négociation traîne, il suffit de ne pas louper l'occasion qui vous est donnée de le pousser à travers la baie vitrée. En sortant du bureau de recrutement des mercenaires, vous croisez un gamin, l'icône d'héroïsme apparaît brièvement, si vous êtes vif, vous le persuaderez de réfléchir à sa décision. L'intégration est naturelle, l'effet excellent et en plus, ça vaut des points de pragmatisme ou de conciliation.
Evidemment, l'apparition d'une interruption héroïque ou audacieuse dépend de votre alignement, de votre tendance à négocier ou à frapper. Et si vous avez conservé vos sauvegardes de Mass Effect, cette tendance sera l'héritage directe de votre ancien personnage. Aussi bien sur PC que sur Xbox 360, il est possible d'importer son ancien personnage. Une possibilité dont l'intérêt principal est de prendre en compte tous les choix que vous aviez effectués (sauver ou pas le conseil, tuer Wrex etc.). Réactions des autres personnages et possibilités de gameplay dépendront de tous ces choix. Et si vous n'avez plus de sauvegardes, un système de questions/réponses vous permettra de remédier au problème. Puis, il vous faudra vous mettre dans les pantoufles des classes du jeu. Au nombre de 6 elles vont de l'Adepte spécialisé dans les pouvoirs biotiques façon Jedi à l'Ingénieur capable de pirater l'IA ou de contrôler des drones jusqu'au Soldat amateur de gros flingues, chaque classe pouvant accéder à certains types d'armes ou pouvoirs. Des classes qui restent bien semblables à celles du premier jeu, on ne s'attardera pas trop dessus.
Le système de compétences mérite en revanche qu'on se penche sur son cas. Sacrément remodelé, il compte moins de branches qu'autrefois mais permet d'accéder à 7 aptitudes utilisables sur le terrain, chacune ayant 4 niveaux de puissance. Un arbre de compétence simplifié par rapport au premier épisode dans lequel, visiblement, certains joueurs peu coutumiers du RPG avaient tendance à patauger. Une orientation qui se ressent énormément dans le gameplay des missions principales et secondaires, essentiellement basées sur l'action. Entendons-nous bien, Mass Effect 2 offre toujours un univers riche, extrêmement vaste et varié, mais l'action y occupe une place prépondérante, au point que souvent, on a plus le sentiment de jouer à un shooter qu'à un jeu de rôle, un sentiment qui se dégageait déjà du premier opus mais qui se trouve accentué ici.
Dans la plupart des missions, une fois arrivé sur zone, on suivra un chemin assez contraignant renfermant une quantité plus que respectable d'ennemis, qu'ils soient Geths, mercenaires Krogan ou... disons autres. Du coup, le système de combat change lui aussi. Si la fameuse pause active, qui permet de geler l'action et d'assigner des ordres d'attaques aux deux équipiers qui nous accompagnent, est toujours là, le joueur peut attribuer ses compétences à des raccourcis. Un Adepte pourra donc sans problème utiliser ses pouvoirs biotiques en temps réel. On peut à présent ordonner à ses équipiers de se mettre à couvert sur une position précise et soi-même se protéger derrière un élément du décor. Les combats sont ainsi devenus particulièrement dynamiques, explosifs même. Avouons-le, certains n'y verront pas forcément un progrès. Toutefois, sous des dehors franchement bourrins, un joueur qui ne saurait user des complémentarités de ses équipiers, ou savoir quelle attaque pourra percer un bouclier ou un blindage n'ira pas loin. En gros, face aux adversaires les plus redoutables, point de survie sans un minimum de maîtrise de la pause active. Finalement, même si on reste un peu surpris par cette orientation, le résultat a son charme même si on regrette que les missions adoptent trop souvent un schéma similaire : arrivée, entrée et traversée de la zone de combat, objectif, sortie. Évidemment, certaines missions font exception mais côté quête principale, attendez-vous à du lourd. L'aspect RPG n'est néanmoins pas totalement mis de côté, pas plus que l'exploration et l'acharnement à remplir les quêtes annexes qui permettront d'accumuler les ressources et les informations. Seul moyen de développer les améliorations d'armes, d'armures ou du vaisseau. Des bonus qui remplacent en partie les anciens MODs et dont on aura sérieusement besoin.
Cette violence va de paire avec le ton plus noir du jeu sans doute. Et pour y faire face, il va vous falloir soigner vos rapports aux autres. On souligne au passage l'importance des dialogues et des notions de conciliation ou de pragmatisme permettant de séduire ou d'intimider ses interlocuteurs mais ce sont surtout les rapports avec les équipiers qui nous intéressent. Un point que Bioware a tenu à placer au centre du jeu. Une très grosse partie du titre, pour ne pas dire l'essentielle, sera consacrée à la constitution et au renforcement de votre équipe. Dont on n'a pas le droit de dire grand-chose soit-dit en passant. Dans un premier temps, il faudra donc parcourir la galaxie de planète en planète pour enquêter sur nos futurs acolytes, les sortir d'une situation souvent épineuse puis s'assurer de leur soutien. La plupart se joindront à vous pour des raisons personnelles, mais c'est de leur loyauté dont vous aurez besoin. Une fois recrutés, ils vous soumettront tous des problèmes personnels qui seront autant de missions périlleuses. Puis, des choix cornéliens vous seront posés lors de cinématiques interactives qui pourront vous faire perdre leur confiance. Mais même si vous vous contrefichez de leurs états d'âme, sachez qu'un allié Loyal, dispose de plus de compétences et que ses capacités se répercutent sur tout le groupe. En gros, avant de pouvoir envisager la suite du jeu, vous devrez d'abord réellement préparer votre équipe et pas simplement lancer un recrutement vite fait, si l'équipe n'est pas soudée, vous courez au désastre. Or, prendre parti pour l'un, agacera forcément l'autre. Puis, une fois tout ce beau monde boosté, bien remonté... vous serez prêt pour la fameuse mission suicide dont Bioware nous rabat les oreilles depuis des mois.
Si le combat a pris une place importante dans le jeu, la narration, le scénario, l'univers, l'attachement aux personnages, le design sublime de certains environnements, l'ambiance ou encore l'immersion n'ont donc pas été laissés de côté. L'impossibilité de trop s'attarder sur certains aspects du jeu contraint un peu l'adoption d'un ton froid de catalogue dans ce test mais qu'on ne s'y trompe pas, une fois entré, sortir de ME 2 aura été difficile. Certes, le « tout combat ou presque » peut quelque peu décevoir, mais Mass Effect 2 a su conserver tout de ce qu'on a pu aimer dans le premier. En revanche, certains défauts ont la vie dure. A commencer par une multitude de quêtes annexes pas forcément passionnantes. Quantité de PNJ rencontrés dans les plus grandes villes vous confieront des missions secondaires mais d'autres se cachent dans l'exploration de planètes non répertoriées. Et là, on reste perplexe. En toute liberté, vous pouvez approcher une planète via la carte galactique puis, la scanner. En promenant un curseur sur la planète, vous la passez au crible, ce qui permet au pire de récolter des ressources, au mieux de trouver le point d'entrée d'une mission. Une option passablement rébarbative il faut le reconnaître. Enfin, autre détail qui fâche, en dépit d'une réalisation de haute volée, tant visuelle que sonore, Mass Effect 2 n'en a pas fini avec les bugs.
Même si Bioware a opéré un changement de moteur sur cette version PS3, le tableau n'est pas encore exempt de défauts. Certes, certains vieux bugs sont corrigés et l'aliasing semble moins présent, mais cette fois c'est le framerate qui prend un coup dans l'aile avec quelques chutes plus ou moins violentes. Le bon vieux principe des vases communicants. En revanche, cette déclinaison Playstation 3 profite d'un joli bonus puisque les trois contenus téléchargeables payants des versions 360/PC sont ici offerts gratuitement. En outre, un comics interactif permettra aux joueurs n'ayant pas pu faire le premier épisode d'en découvrir l'histoire et surtout de réaliser les 6 choix importants du commandant Shepard. Une excellente initiative mais accompagnée d'une décision stupide : le comics n'est pas intégré sur le disque, il faut le télécharger sur le PSN. Miex vaut le savoir avant de se lancer dans l'aventure, car sans connaissance du scénario, vous ne piperez pas grand-chose à ce fabuleux space opera.
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